Après cinq croisières mémorables en Méditerranée, j’embarque sur Helena en Bretagne Sud, à La Trinité-sur-Mer, la «mecque» des voiliers! C’est quasi l’extase, des voiliers partout, ultramodernes tels le Spindrift de Dona Bertarelli ou les super catas ou tris des tours du monde, des vieux-gréments, des boutiques de fringues pour voileux, des magasins d’accastillage, les marées hautes et basses offrant des paysages spectaculaires…
Nous sortons du port à marée haute en suivant le chenal et en admirant les jolies maisons bretonnes et les plages des deux côtés. Une fois la dernière marque franchie, nous hissons les voiles et mettons le cap sur la presqu’île de Quiberon. Le courant ne nous est pas très favorable, c’est le moment de déguster ces fameuses sardines Belle-Iloises et ce petit Muscadet. Finalement, nous mouillons devant une magnifique plage presque déserte et j’en profite pour mon premier bain, grrr elle est bien fraîche mais combien tonifiante ! Nous passons la nuit à l’ancre près de Port Haliguen, Alain et Dominique se rendent à terre, attirés par une jolie petite sirène et un pêcheur.
Après une nuit assez paisible, petit-déjeuner copieux avec baguette croustillante et croissants nous mettons le cap sur Belle-Ile. Passage de la Teignouse et bords magnifiques devant Sauzon où nous entrons en fin d’après-midi. Superbe petit port où les bateaux sont proprement alignés. Belle manœuvre de 180° et nous mouillons devant la magnifique Villa Pen Prad aux volets bleus, entourée de ses jardins d’hortensias, agapanthes, etc. Une ancre à l’arrière, une devant plus une béquille de chaque côté! Alain nous propose de diner chez Carole sur le port. J’enfile mes pantalons blancs et mes sandalettes, en traversant le port en annexe Alain marmonne dans sa barbe qu’il sera difficile de retourner avec l’annexe, je ne comprends pas très bien ce qu’il dit! Chouette soirée chez Carole, bonne ambiance, nous rencontrons un couple de Toulouse qui souhaite visiter Helena. Nous retournons à pied et eureka je comprends! Il faut retrousser ses pantalons et marcher pieds nus dans la vase, les cailloux et tout ce qu’on ne voit pas, il n’y a plus d’eau!! Mais quel spectacle qui sera encore plus intéressant de jour avec les enfants en bottes et cirés allant à la pêche à pied.
Nous prenons le bus pour Le Palais, au programme dégustation d’huîtres et petit vin blanc. Dominique et moi poursuivons la visite de l’île en bus et faisons un arrêt sieste baignade à la plage des Grands Sables, Alain retourne au bateau car des visites sont attendues. C’est le 2 août, ce soir on fête avec une fondue moitié-moitié, un Mont-sur-Rolle, un lampion, des assiettes et serviettes en forme de drapeau suisse! Vive La Suisse! Le départ est prévu pour le lendemain en fin de journée. Nous en profitons pour louer des vélos mais un petit crachin contrarie nos plans, qu’à cela ne tienne, Nicolas de la Villa Pen Prad vient nous rendre visite dans sa belle vareuse bleu ciel comme ses yeux, ainsi que Pascal le mareyeur et une marmaille de gamins qui se voient déjà capitaines d’Helena. Le soleil revient et nous filons à la Pointe des Poulains avec nos vélos en croisant lièvres et faisans. Le spectacle est grandiose avec la mer qui vient se briser sur les rochers et au milieu la petite plage qui mène au phare par marée haute seulement. On y resterait bien mais il faut ramener les vélos et nous avons réservé une table au restaurant de l’Hôtel du Port. Dominique savoure son plateau de fruits de mer bien garni par Pascal, Alain a enfin son homard et moi je savoure ma soupe de poissons et mes côtelettes d’agneau de Belle-Ile.
On a vraiment envie d’y rester à Sauzon mais à l’aube et à marée haute nous reprenons la mer en direction de Houat. Le soleil de plus en plus pâle fait place à une averse, tout est gris, nous distinguons à peine la mer du ciel, il faut enfiler les cirés. Passage du Béniguet et de la balise, dans la grisaille on devine quelques bateaux devant une zone jaune clair … on jette l’ancre. Nous avons froid et sommes mouillés, mais le soleil revient et un bon plat de spaghettis, tomates cerise et basilic nous réchauffe le corps et le cœur. La plage effectivement est superbe, un long banc de sable quasi désert avec derrière quelques maisons et un peu de verdure, un vrai paradis. L’eau toujours aussi fraîche mais tellement belle et pure, il me semble même qu’elle sent bon, je suis ravie. D’ailleurs il paraît que c’est à Houat qu’un institut de beauté cultive ses propres micro-algues …
Au loin une voile qui me dit quelque chose, c’est Phoebus!! Quelle belle surprise, ils mouillent également et Alain leur sert de bateau-taxi avec l’annexe. Nous profitons du calme et de la sérénité de ce bout d’île, merveilleux! Mais il est temps de mettre le cap sur le Golfe du Morbihan pour pouvoir y entrer avec le courant de flot. Une belle brise s’est levée et Helena file au près bon plein à travers les parcs à huîtres, entourée de dizaines de voiliers divers. Le bonheur je vous dis. Nous laissons Port Navalo à tribord en surfons à 11 nœuds dans la passe d’entrée du golfe, whaoua, j’essaie de garder mon calme, surtout que je vois pleins de remous à la surface de la mer et que la marque verte qui nous montre la route semble être au milieu d’une rivière aux eaux agitées! Mais le capitaine/navigateur veille, nous virons et revirons en suivant ses indications dans ce dédale d’îles et de balises pour mouiller finalement à l’île d’Arz, où nous sommes invités à dîner par l’Association Rudevent. Excellent dîner, accueil très sympathique, belle fin de soirée au bistrot du hameau et retour à bord sous un ciel féérique, j’ai même pu faire un vœu au passage d’une perséide!
Au réveil, tout est calme, j’en profite pour mon bain quotidien, c’est la grande forme. Nous nous mettons en route pour Vannes. On hisse l’artimon et le yankee et tirons des bords, aidés par un peu de moteur dans les virements, petit à petit nous atteignons l’ìle aux Moines. Dominique et moi allons nous y balader. Au retour quelques parasols roses et verts en bord de mer attirent notre attention, quelle joie, un ostréiculteur où nous dégustons de délicieuses huîtres accompagnées d’un verre de Sauvignon. Moment magique dans le calme et la lumière d’une fin d’après-midi. Beauté et bonheur qui se prolongent à bord d’Helena tout au long du « parcours fléché », passant devant la maison rose, en remontant La Marle. On s’amarre au ponton flottant devant le pont tournant de Kérino en attendant que l’on veuille bien nous ouvrir mais zut il semble qu’il est trop tard! Pas grave nous passerons la soirée et la nuit dans le calme, Alain essaiera en vain de réparer sa superbe lampe à pétrole, heureusement que nous avons les bougies!
Au matin, un jeune capitaine vient nous chercher avec son annexe pour nous faire entrer dans le canal de Vannes, c’est la fin du voyage, le bruit, les voitures, l’agitation …. Mais où est-on, c’était si bien avant. Une autre aventure merveilleuse avec Helena, la tête remplie d’images et de souvenirs magnifiques, il va falloir quelques jours pour atterir ! Merci Alain.